Et si Lavreysen avait trouvé un rival de taille ?

Harrie Lavreysen par-ci, Harrie Lavreysen par-là. Dans la caste des bolides, il n’y en a quasiment que pour lui depuis quelques saisons. Jeffrey Hoogland, son compatriote et aîné, lui résiste tant bien que mal en tant qu’as du kilomètre, mais le colosse néerlandais de 25 ans est le maître incontesté du sprint sur piste. La 1re étape de l’UCI Track Champions League 2022 n’a pas balayé d’un revers de main ce constat, mais elle a confirmé l’émergence d’un potentiel rival de Lavreysen : Matthew Richardson.

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L’Australien de 23 ans ne débarquait pas à Majorque dépourvu de référence. En octobre, durant les Mondiaux de Saint-Quentin-en-Yvelines, il avait contribué à la victoire de sa nation face aux « Oranje » en vitesse par équipes – un petit événement – et avait atteint la finale en solo. Il était alors tombé sur « devinez qui ». Lors du lancement de la deuxième saison de l’UCI TCL, samedi dernier, sa présence face à Lavreysen pour le dernier round de la vitesse n’était donc en rien une surprise. Mais cette fois, il a gagné.

Oh mon dieu, nous devons surveiller ce gars !

Richardson s’est offert le scalp d’un homme aux airs d’invincible. Quadruple champion du monde en titre de la spécialité, détenteur de la couronne olympique et vainqueur des quatre tournois de vitesse de la Ligue des champions l’an passé, Lavreysen est passé du prédateur à la proie et il s’est fait croquer. Bien calé dans la roue de son massif adversaire, le challenger, plus trapu mais tout aussi musculeux, a réussi à passer en tête à la sortie de l’ultime virage. Un succès célébré d’un poing rageur : cela promet.

« Ce sprint remporté par Matthew Richardson était impressionnant, s’est enthousiasmé Kristina Vogel. J’ai parlé avec Chris Hoy avant la course et il misait sur Richardson. » Le jeune loup a bluffé notre duo de consultants, ô combien calés en matière de célérité en vélodrome (onze titres mondiaux… chacun, entre autres distinctions). « La façon dont il s’est porté en tête avec une vitesse incroyable lors de sa série du keirin… on s’est dit ‘Oh mon dieu, nous devons surveiller ce gars !’« , poursuit Vogel.

« Du feu dans les jambes et Richardson s’offre Lavreysen »

Réaction de champion attendue

Sir Chris Hoy se réjouit de cette émulation grandissante : « Il y a quelques années, il y avait Jeffrey Hoogland… mais Harrie Lavreysen s’est élevé à un tout autre niveau. Personne n’arrive à maintenir son niveau d’excellence avec une telle consistance. Nous voulons une rivalité. » Il est question de l’intérêt des compétitions mais aussi de la progression de Lavreysen, qui est encore loin d’être en fin de carrière : « C’est bien que quelqu’un puisse le pousser. J’espère que cela le fera aller encore plus vite. »

Le roi n’est pas encore détrôné. Non seulement, une victoire de Richardson au classement final de l’UCI TCL ne rebattrait que partiellement les cartes, mais Lavreysen portera bien le maillot de leader samedi à Berlin, pour le deuxième round. Vainqueur en keirin et 2e en vitesse, il affiche 37 points. Son dauphin a terminé 3e et 1er, pour un total de 35 unités. Pourtant, c’est bien le Néerlandais que l’on pressent dans la peau du revanchard. Hoy est impatient de voir sa « réponse » et l’attend cinglante : « La marque d’un vrai champion« .

Le premier sprint m’a vraiment tué !

Lavreysen a quant à lui estimé que sa défaite venait en partie du format de la Ligue des champions. Le spectacle est condensé. L’effort est violent. « Je me sentais plutôt bien, avait-il réagi samedi à chaud. Le keirin, c’était sympa, j’étais très content de ma victoire, mais que c’était difficile. La série et la finale se sont enchaînées super vite. Puis le premier sprint m’a vraiment tué ! » D’où sa satisfaction de n’avoir pas si mal figuré dans la deuxième épreuve en Espagne : « J’étais satisfait de faire la finale et je suis quand même passé assez près (du succès). »

Reste que le goût de la défaite, qu’il connaît si peu, ne doit pas être de nature à combler Harrie Lavreysen. Comme Chris Hoy l’a suggéré, on peut le considérer dans la peau de celui qui a un rappel à l’ordre à effectuer. De son côté, Matthew Richardson a commencé à mettre en application sa promesse initiale : « Je vais puiser au plus profond de moi-même, plus loin que je ne l’ai jamais fait. » Il faut bien cela pour que l’on commence à écrire Lavreysen par-ci, Richardson par-là. C’est déjà une petite victoire. Mais gageons que lui non plus ne s’en contentera pas.

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